Forte d’une formation au Studio des Variétés et de plusieurs années consacrées à se produire en public, Laure Schappler propose du coaching de scène. Objectif : permettre aux artistes qu’elle suit de se révéler. Rencontre avec cette violoniste habitée par l’envie de transmettre son expérience.
Vous êtes coach de scène, mais pas seulement. À l’origine, vous êtes violoniste. Quel a été votre parcours ?
Le violon, c’est une rencontre amoureuse. J’avais sept ans et je voulais faire de la musique. Mes parents m’ont demandé l’instrument que je voulais faire. J’ai réfléchi intensément, mais pas longtemps. J’ai hésité entre la harpe et le violon. Déjà, à cet âge-là, j’avais très envie de voyager. Je me suis dit que voyager avec une harpe serait très compliqué. J’ai donc choisi le violon. J’ai commencé le violon dans des écoles de musique. Ensuite, j’ai intégré différents conservatoires. J’ai passé mon prix de conservatoire à Lyon. Puis, j’ai passé mon diplôme d’état de professeur de violon à Toulouse, en même temps que j’obtenais un perfectionnement d’instrument.
Vous avez donc suivi une formation musicale classique. Pour autant, vous interprétez aussi bien des œuvres classiques que des morceaux de musiques actuelles….
Absolument ! C’est vraiment ma particularité. J’ai une très grosse formation classique en passant par le conservatoire : prix, perfectionnement, diplôme de musique de chambre, solfège… J’ai également joué dans beaucoup d’orchestres symphoniques français comme, par exemple, celui du Capitole de Toulouse. Ensuite, je suis partie enseigner à Ajaccio pendant un an. Après cette année d’enseignement pur, je me suis rendue compte que je ne pouvais pas faire qu’enseigner, il fallait que je joue, que je sois sur scène. J’ai décidé de venir à Paris. En l’espace de 48 heures, j’ai décroché un poste au Cirque d’Hiver chez Bouglione. Je suis devenue violon solo de l’orchestre du Cirque d’Hiver. C’est l’un des rares endroits à Paris où l’on fait encore de la musique en live pendant les spectacles. Cela représentait environ 250 shows en quatre mois et demi. Toutes les musiques sont accompagnées par un orchestre d’une dizaine de musiciens, composé d’un big band de jazz et d’une violoniste solo. C’est là que j’ai vraiment appris à jouer d’autres choses que du classique.
Qu’est-ce que cette expérience au Cirque d’hiver vous a apporté ?
J’ai appris ce qu’était réellement la scène. Le spectacle s’ouvrait et se fermait sur moi et je jouais devant 1600 personnes, deux à quatre fois par jour ! Le cirque s’est arrêté en 2015. Depuis, j’ai fait pas mal d’événementiels. J’ai créé mon propre show avec lequel je performe sur des scènes de cabaret. Maintenant, je me rapproche beaucoup plus de la performeuse avec violon électrique. J’ai un répertoire musiques actuelles électro et musiques classiques. Il peut m’arriver de jouer de l’électro un vendredi soir sur une scène de cabaret et de jouer le Requiem de Mozart, le dimanche suivant à la Madeleine.
Enfin, vous êtes également compositrice. Quelles sont les productions que vous avez créées ?
Depuis plusieurs années, j’avais envie d’écrire de la musique, mais je ne me sentais pas légitime, étant interprète depuis mon plus jeune âge. En 2018 ; l’envie est devenue très forte. On m’a demandé d’écrire un morceau et puis ça ne s’est pas fait. Mais, j’ai commencé à écrire un peu de musique pour moi. En 2019, j’ai finalement sorti un EP, « Origines », sur lequel j’ai repris trois chansons françaises et sur lequel figure également mon premier morceau pour violon, violoncelle, piano, composé intégralement par mes soins. Après cela, j’ai sorti un titre complètement électro. Il s’appelle « Connectivity ». On peut le trouver sur Spotify ou sur mon site. Aujourd’hui, j’écris de plus en plus de musique. Je suis en train de créer une application de méditation avec deux associés. L’idée consiste à proposer des contenus de méditation avec de la musique écrite en cohérence avec chaque thème.
Votre double casquette, musicienne de musiques classiques et musicienne de musiques actuelles, a-t-elle été un atout pour devenir coach de scène ?
Moi, je suis arrivée avec toute ma rigueur et ma grande technique classique. J’ai pu la compléter avec l’apprentissage de la scène. Le mélange des deux a été assez génial. Il y a beaucoup de gens, des collègues, des artistes, qui sont venus me voir et qui m’ont demandé comment je faisais telle ou telle chose. J’ai trouvé très intéressant de prendre ce que chaque univers m’avait apporté. Comment être sur une scène… Observer les circassiens… Comment arrivent-ils à tenir en haleine un public durant six minutes. Je m’en suis beaucoup inspiré dans mon jeu de musicienne, chose que j’ai reproduite ensuite quand j’ai fait des scènes de cabaret.
Comment vous êtes-vous dirigée vers cette activité de coaching de scène ?
Ça s’est imposé à moi. C’est vraiment en discutant avec mes collègues musiciens que je me suis aperçue qu’il y avait un vrai manque là-dessus. Il y en a
plein qui savaient parfaitement jouer, qui connaissaient bien leurs sets. Mais, lorsqu’ils arrivaient devant un public pour un show case ou pour n’importe quelle présentation, c’était le trouillomètre à zéro et surtout sans connaître les codes de la scène. Comment se comporter face à un public, où regarder lorsqu’on a la lumière devant les yeux, à quoi le public est-il sensible… Le public est sensible à l’émotion, beaucoup plus qu’à la perfection. Il y a donc eu cette envie de transmettre mon expérience. Mine de rien, j’ai toujours aimé faire de la pédagogie quand je donnais des cours de violon. J’ai eu la chance que l’on me transmette énormément de connaissances. J’ai pu discuter avec de grands artistes qui ont tourné dans le monde entier. Ça me semblait tout à fait normal de le transmettre à mon tour.
En plus de votre expérience acquise grâce à votre parcours artistique personnel, avez-vous suivi une formation particulière ? Quels ont été vos premiers pas en tant que coach de scène ?
J’ai décidé de professionnaliser mes compétences et je me suis formée l’année dernière au Studio des Variétés. Un an auparavant, j’avais également lancé un blog qui s’appelle « la boite à outils d’une musicienne pro ». Sur ce blog, j’avais écrit quelques articles sur les trucs et astuces de scène : comment gérer un imprévu ou comment apprendre cinquante morceaux pour le soir même… Ce sont des choses que j’ai vécues et que j’ai apprises au fur et à mesure.
Concrètement, qu’est-ce qu’une coach de scène ? Quelles sont les thématiques abordées ?
Un coach de scène, c’est quelqu’un qui va accompagner un artiste pour optimiser sa prestation, c’est à dire, se sentir plus à l’ais et surtout exprimer complètement tout ce que l’on a envie de transmettre comme message, comme émotion, comme identité. Un coach, c’est quelqu’un qui accompagne, qui va emmener un artiste d’un point A vers un point B en le guidant. Moi, je travaille essentiellement sur trois grands domaines. Le premier, c’est l’identité de l’artiste. Qui est-il ou qui a-t-il envie d’être ? Parfois, des artistes ont envie d’exprimer sur scène une autre facette de leurs personnalités. Il s’agit donc de prendre conscience de leurs postures, de leurs présences sur scène, de ce qu’ils dégagent, toutes les notions liées au trac également. Ensuite, il y a les œuvres en elles-mêmes, des morceaux classiques, des compos, des reprises…. Quels sont les imaginaires des morceaux ? Quelles sont leurs traductions émotionnelles ? Comment les transmettre au public ? Enfin, il y a la partie spectacle. Les entrées, les sorties, les prises d’applaudissements, les timings, les dynamiques, la construction d’un set… Par quel morceau commencer, par quel morceau terminer…
Quel est le parcours de coaching que vous proposez à un artiste qui vous sollicite ?
Tout d’abord, je propose, soit un coup de fil, soit un rendez-vous en face à face, pour discuter du projet et de la raison pour laquelle l’artiste a décidé d’avoir recours à un coach de scène. Je pose quelques questions. Qui êtes-vous ? Quel est votre projet ? Quelles sont vos échéances ? Quel a été votre parcours ? L’objectif consiste à cerner où en est l’artiste. Ensuite, je propose une manière de travailler ensemble, soit un rendez-vous d’une heure, soit une séance de trois heures, soit une résidence d’une semaine… Tout dépend des besoins de l’artiste et du budget dont il dispose. Ma prestation ne sera pas la même si l’on doit faire un travail de fond et de construction de spectacle pour un show qui a lieu dans six mois ou s’il s’agit simplement de préparer un show case qui se déroulera dans quatre jours avec un artiste qui se pose quelques questions pour l’ordre de sa sel list. Toutes ces informations permettent à l’artiste de réfléchir et de savoir s’il a envie de travailler avec moi. Cette phase de discussion est très importante. Elle est nécessaire pour sentir si, humainement, on correspond l’un à l’autre. Si on décide de travailler ensemble, on valide avec un contrat et on entame le travail. J’aime bien commencer par un filage. Cela permet de voir où en est le spectacle, le concert. À partir de ce filage, j’établis un diagnostic et une proposition de travail.
Quels types d’artistes suivez-vous ?
Je suis tous les styles d’artistes confondus. Ça va de la musique classique jusqu’au hip-hop. Au niveau des codes, je suis moins à l’aise dans le rap. Mais moi, je fonctionne avec ma propre sensibilité. Qu’importe le style de musique, il faut que ça me donne de l’émotion. Il faut que je sente que l’artiste soit cohérent avec ce qu’il raconte sur scène.
Avez-vous un souvenir marquant de coaching ? Qu’est-ce qu’un coaching réussi pour vous ?
Il y a quelque chose que l’on m’a beaucoup dit et que j’ai pu partager avec plusieurs artistes. C’est la notion de révélation. C’est lorsqu’un artiste vous déclare qu’il se découvre lui-même. C’est lorsqu’il découvre avec émerveillement le diamant qu’il a à l’intérieur et qu’il a le droit de le montrer. Je n’ai pas d’anecdotes précises. Mais, en fin de coaching, j’ai eu plusieurs artistes qui ont eu les larmes aux yeux parce qu’ils se sont enfin reconnus dans ce qu’ils proposaient, parce qu’ils étaient complètement entiers dans ce qu’ils interprétaient et qu’ils se sont, eux-mêmes, mis les poils.
Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez consulter le site de Laure Schappler : https://laureschappler.com
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