Ambition Musicale

Auteurs, compositeurs, quelles sont les aides financières que vous propose la SACEM ?

Olivier Loin a sorti son premier album « Flagrant désir ». Au fil d’une douzaine de morceaux, cet auteur-compositeur-interprète belge partage messages et émotions. Plusieurs de ses titres sont diffusés par des radios belges, suisses et françaises. Histoire de la concrétisation d’un rêve né d’une passion pour l’écriture et la musique.

Quels ont été vos premiers pas dans l’univers de la musique ?

Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours aimé organiser des fêtes. J’invitais des copains et des copines, je m’amusais à faire des espèces de boums. J’avais 10-12 ans. De fil en aiguille, j’ai commencé à prendre du matériel et à aller dans les garages des copains et des copines pour installer des sonos et faire des animations. Ensuite, je me suis dit que j’allais en faire un métier. En 1990, j’ai commencé à faire tout cela de manière beaucoup plus sérieuse. En 1998, j’ai créé ma boite, Prolive, pour faire des animations avec des artistes, disc-jockeys, sonos… J’ai commencé par faire des mix comme disc-jockey et, très vite, je me suis rendu compte que je chantais sur la musique. Je me suis vraiment intéressé au chant et à la prestation scénique. J’ai suivi des cours de chant. J’ai décidé de monter sur les planches comme chanteur de reprises. J’ai chanté des reprises durant à peu près dix ans.

Parallèlement, vous avez aussi développé une passion pour l’écriture…

En cachette, dans mon coin, je m’amusais à écrire des sketchs pour des copains, pour des fêtes et également des poésies. Forcément, à un moment donné, j’ai senti que la poésie pouvait être chantée et pouvait être valorisée par quelques notes. J’ai donc commencé à écrire des chansons. Elles sont restées longtemps dans un tiroir. Je n’osais pas me lancer. Je me disais : qu’est-ce qu’on va penser de ça ? Et puis, plusieurs de mes potes m’ont dit que je pouvais en faire quelque chose et que, de toute façon, je devais au moins essayer parce que je disposais déjà du son, de la lumière, de musiciens, de contacts… Alors, j’ai commencé avec une chanson, deux chansons, puis trois… Un mélodiste m’a aidé. J’ai continué à écrire de plus en plus de textes. Le mélodiste les mettait en musique. Enfin, je me suis rendu compte que je savais aussi écrire un peu la musique.

Ainsi, vous avez sauté le pas pour vous produire sur scène avec vos propres chansons…

Il y a cinq ans, en 2016, j’ai présenté mes chansons dans un tout premier concert et là, ça a été magique ! De 2016 à 2017, j’ai fait des toutes petites salles, des cabarets, des concerts chez l’habitant. En 2017, j’ai décidé de passer à la vitesse supérieure. J’ai engagé de super musiciens avec du matos. J’ai invité des gens. J’ai fait trois dates, un vendredi, un samedi et un dimanche en novembre 2017. Les gens qui m’accompagnaient m’ont dit que j’étais fou de faire trois dates alors qu’on ne me connaissait pas. Le premier jour, le vendredi, j’ai eu une cinquantaine de personnes. Le samedi, j’en ai eu une centaine et le dimanche, 140. J’étais super content. J’avais fait ça comme ça, pour réaliser un rêve. Mais, pas mal de gens sont venus me voir pour me dire qu’ils avaient aimé, que les mélodies étaient bien et qu’ils trouvaient le spectacle génial. Il y a aussi des pros qui sont venus me voir pour me dire qu’il y avait encore du travail, que certains textes n’étaient pas aboutis et que je pouvais faire encore mieux pour les mélodies. Des gens m’avaient même demandé si j’avais un album. Depuis 2017, je suis donc en plein travail pour faire un album et des concerts.

Justement, l’année 2022 voit l’aboutissement de ce travail avec la sortie de votre premier album…

Mon album est sorti et j’en suis à mon quatrième clip. J’ai fait une sortie digitale, comme tout le monde, mais je veux aussi une sortie physique. On trouve l’album chez quelques disquaires, chez des libraires et lors de mes concerts. J’ai cette volonté de faire bouger les gens. Moi, j’aimerais bien que le public fasse un petit effort pour soutenir le projet en dépensant 15 €, en ayant l’album dans son intégralité, en écoutant et découvrant des chansons auxquelles il n’aurait jamais pensé. Sur internet, on ne télécharge que ce qui nous intéresse, deux-trois chansons et on a fait le tour. Pour mon premier album, il y a donc une sortie physique. Pour récompenser les gens qui ont fait l’effort d’acheter l’objet, il y a sur la pochette un code unique. Il suffit de le taper sur mon site internet et vous recevrez les fichiers MP3 que vous pourrez écouter dans la voiture ou sur une tablette.

Que peut-on découvrir sur ce premier album ? Quel est son nom ?

Il y a douze chansons. Il s’appelle « Flagrant désir ». En fait, on m’a obligé à sortir un titre avec un jeu de mots ! Dans pas mal de mes chansons, il y a des jeux de mots. Avec mon producteur, on s’est dit que c’était tout de même un délire cet album. Il devait sortir en avril 2021, mais avec le Covid, on ne le sentait pas. À la base, on était parti sur huit titres, puis j’en ai rajouté deux. On est arrivé à dix… Ensuite, il y a eu une chanson que je voulais absolument placer. On est arrivé à onze… Enfin, il y a un générique de sortie. On est arrivé à douze… On a rigolé de ce parcours en se disant que c’était un grand délire… Un flagrant délire… En fait, j’ai désiré cet album, ce parcours… On est finalement parti sur « Flagrant désir ». Ce titre exprime aussi le côté poésie et le côté féminin qui ressortent dans certains de mes textes comme « Angèle », « La robe rouge », « Paris » où je parle de la tour Eiffel comme une nana.

Sur cet album se trouve le morceau « Mon héroïne » qui a été diffusé par de nombreuses radios, notamment en Belgique. Quelle est l’histoire de ce morceau ?

En avril 2020, je suis tombé sur une nouvelle qui révélait qu’une dame avait refusé qu’on lui donne un respirateur pour le laisser à un plus jeune. Les infirmiers devaient faire un choix. Il y avait un jeune homme qui était en train de succomber du Covid en même temps que cette dame. Cette dame a dit les mots suivants : « j’ai 90 ans, j’ai eu une chouette vie, j’ai eu cette chance. Laissez ce respirateur à ce jeune qui en a beaucoup plus besoin que moi ». Quel geste phénoménal alors que le jour précédent, la télé annonçait que des gens s’étaient battus pour des boites de macaronis… Suzanne, elle a tiré sa révérence, elle a remercié la vie et elle a refusé ce respirateur. Quel courage ! Quel geste héroïque ! J’ai écrit cette chanson « Mon héroïne ». Quand j’ai eu sa famille au téléphone, car j’ai prévenu sa famille de mon initiative, je leur ai fait écouter. Ils ont été très touchés. Je n’ai jamais écrit une chanson aussi vite. Je crois que c’est cette dame, de là-haut, qui m’a aidé. C’est Suzanne qui a écrit la musique et les textes. À chaque fois que je chante cette chanson ou que j’en parle, j’ai des frissons.

Avant l’arrivée de l’album, vous avez sorti le clip du morceau « Rêves en continu ». De quoi parle cette chanson ?

Dans cette chanson, ce que j’ai vraiment voulu partager, c’est de dire que devenir un chanteur connu avec plein d’argent n’est pas un rêve ultime. Mais, être dans un studio, être dans des petits cabarets et partager avec des gens, rentrer chez soi et raconter à ses proches, c’est un rêve en continu. Moi, je vois la vie comme ça, avec toutes ces petites choses. Quel que soit l’aboutissement d’un projet, c’est un rêve en continu. On a hésité à sortir ce titre avec cette actualité un peu compliquée. Et puis, finalement, des gens m’ont envoyé des messages me disant qu’on avait besoin de rêves, merci de nous envoyer de l’espoir.

D’autres morceaux de l’album auront-ils un clip ?

Au départ, on a sorti « Angèle », mon tout premier clip, puis « Mon héroïne », puis « Le grand saut », un peu plus pêchu, et enfin « Rêves en continu », plus mélancolique, le quatrième clip. Il y en aura trois autres : « Autorision », un titre funk disco, la chanson la plus dansante de l’album, « La robe rouge » et « Paris ». Les clips, c’est important. Quand on veut faire connaître sa musique, avec les réseaux sociaux, ça passe automatiquement par l’image.

Sur cet album, on trouve également le morceau « Aujourd’hui ». Cette chanson n’évoque-t-elle pas votre histoire, votre propre parcours ?

Oui… En fait, je parle de mon histoire, du parcours de mes copains et chanteurs qui font ce que je fais, sans être en haut de l’affiche, tout en rassemblant des gens. J’ai des tas de potes autour de moi qui bourlinguent, qui font des reprises à droite et à gauche, avec lesquels les gens passent de bons moments. Nous sommes contents même si on ne parle jamais de nous. Quoi que l’on fasse dans la musique, ce qui est formidable, c’est d’avoir ce rassemblement. Au deuxième couplet, je pousse un petit coup de gueule. Je dis que je n’en ferai pas des tonnes pour être aimé. Il arrive qu’on me dise tu devrais faire comme ça ou comme ci, mais, quand j’essaye de le faire, ça ne marche pas…

Votre marque de fabrique, c’est l’importance que vous accordez aux textes. D’où vient cet amour pour les textes ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Mon inspiration vient des émotions. Plutôt que de mettre un texte en poésie sur un carnet, pourquoi ne serait-il pas sublimé ou accompagné par une musique ? Je commence par le texte puis la musique. Je me suis rendu compte que les gens aimaient mes chansons parce qu’il y avait un message et que les chansons voulaient vraiment dire quelque chose. Ce sont juste mes émotions, les choses que j’ai pu vivre, les choses que j’ai remarquées dans mon entourage, dans des faits de société. J’ai juste essayé de faire en sorte que les mots se marient avec les notes. D’autres l’ont fait d’une manière exceptionnelle comme Brel, Brassens, Cabrel… Moi, j’ai un mentor : Charles Aznavour. Il a dit : « munissez-vous d’un dictionnaire des synonymes plutôt qu’un dictionnaire de rimes ». C’est vraiment important de faire passer un message plutôt que quelques mots qui riment et qui font jolis, mais qui ne disent pas grand-chose. Il y a des textes et des histoires magnifiques que l’on peut se réapproprier. Lorsqu’une personne vient vous voir et vous dit qu’elle a vécu la même histoire, le partage est réussi.

Vous avez écrit beaucoup de textes et de poèmes. Dans vos chansons, vous aimez raconter des histoires et transmettre des messages. Aimeriez-vous écrire un livre ? Avez-vous un projet en ce sens ?

En fait, ce serait plutôt un recueil. Pour le moment, j’ai une trentaine de chansons, douze pour mon premier album, un deuxième album quasi prêt avec dix chansons et une dizaine de chansons inédites. J’ai également une centaine de poèmes et de textes que j’ai écrits et que je ne mettrai pas tous en musique. Alors, j’ai imaginé de faire un recueil qui reprendrait certaines de mes chansons et des poésies qui n’ont pas été sorties en chanson. En même temps, sur mon site internet, il y a une rubrique « Lire ». Là, j’ai mis les textes de certaines chansons et les textes de certains poèmes. Mais, le principal reste la musique. Quand je me lève le matin, j’ai besoin de son, de notes, de gratter sur ma guitare.

Avec la sortie de cet album, une tournée est prévue. Comment va-t-elle se dérouler ?

La tournée sera multiformules. J’ai quatre musiciens et un ingé son. Il y aura des showcases pour présenter l’album. Je démarche beaucoup les radios, les tourneurs. Il s’agira ensuite de caler une dizaine de dates. Avant l’épidémie de Covid, j’avais fait une petite tournée. J’étais parti me balader à Paris, à Liège et dans le nord de la France… Là je voudrais recommencer pour défendre l’album et pour m’amuser avec mes musiciens.

La sortie d’un premier album est toujours un moment clef pour un artiste. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Comment rêvez-vous l’avenir ?

Mes rêves… En fait, je crois que j’en ai plus beaucoup… Ils se sont réalisés ! Aujourd’hui, j’ai moins de pression. Mes rêves, ce sont de sortir encore des albums, de faire des concerts et de rencontrer des gens. Mon rêve ultime, c’est de me dire que j’ai une date et de ne pas me poser la question de savoir s’il y aura du monde. Le rêve, c’est de ne plus avoir cette hantise. Lorsqu’on est dans ce parcours d’auteur-compositeur, on a toujours cette crainte de faire respecter ses chansons. On se demande toujours comment cela va être accueilli.

Pour en savoir plus sur Olivier LOIN, n’hésitez pas à aller faire un tour sur son site ;